lundi 5 mai 2014


Grand Bureau Plat

"à la Grecque"

attribué à René Dubois
 


Réf. 1464

Grand Bureau Plat à double face,
de forme rectangulaire, en marqueterie
de bois de rose et d'amarante
ornée d'une frise de grecques.

  
Il ouvre par trois tiroirs, en ceinture,
deux tirettes latérales et repose
sur quatre pieds gaines à section
carrée et angles évidés.


Il présente une riche ornementation
de bronzes finement ciselés
et dorés, de type néoclassique,
tels que : lingotière, moulures, entrées
de serrure, rosaces, anneaux de
tirage, chutes d'angle, pastilles et sabots
à pans coupés se terminant
par une boule.



Dessus gainé de son cuir d'origine
en maroquin patiné


Paris, vers 1760 - 1765


René Dubois 
( 1739 - décembre 1799 )

Reçu Maître le 25 juin 1755  
  
http://galeriebergerlexique.blogspot.fr/search/label/DUBOIS


Largeur (fermé) 162 cm
Largeur (ouvert) 271 cm 
Profondeur  80.5 cm
Hauteur  76 cm



Notice
 
Ce bureau est caractéristique du style "à la grecque", qui se répandit à Paris au début des années 1760. Sa structure aux lignes rigides est typique du retour aux formes classiques et du rejet de celles du rocaille.
Le parti d'un retour au goût classique, en réaction aux excès du rocaille, prit naissance dans les années 1750. Certains, tels les architectes Blondel ou Contant d'Ivry, prônaient un modernisme mesuré (Eriksen, Early Neo-classicism in France, 1974, p.41), tandis que d'autres, comme le peintre Louis-Joseph Le Lorrain, très marqués par Piranèse, se plaisaient à faire une relecture extrême de l'art Antique. Le Lorrain fut à l'origine de la première concrétisation de ce mouvement dans le domaine des arts décoratifs. Il reçut en effet commande d'un mobilier par le jeune collectionneur Lalive de Jully, alors introducteur des ambassades à Versailles. Il lui fut livré sans doute dès 1756. Certains commentateurs parlèrent de création "à la grecque", expression désignant alors, d'une manière générale, tout ce qui se réclamait de l'Antiquité. D'autres, tel Mariette, firent référence au style d'André-Charles Boulle, établissant ainsi un lien avec le style Louis XIV. L'appellation "à la grecque" eut un franc succès et qualifia cette mode qui déferla sur Paris durant toute la décennie suivante. Ainsi, Lalive s'en plaignait dans son Catalogue historique qu'il publia en 1764, précisant que même les devantures de boutiques se faisaient maintenant "à la grecque".

Notre bureau s'inscrit dans cette mouvance de meubles, réalisés dans le goût de celui de Lalive, pour de grands collectionneurs soucieux d'afficher leur appartenance au petit cercle des "modernes". Le bureau dessiné par Le Lorrain, aujourd'hui visible au château de Chantilly et réalisé par l'ébéniste Joseph Baumhauer (Augarde, "Joseph Baumhauer", in L'Estampille, n° 204, juin 1987, p.14), inspira d'autres ébénistes parmi lesquels Philippe-Claude Montigny. On connaît en effet de cet ébéniste neuf grands bureaux plats présentant un vocabulaire décoratif très proche (Quéré, Montigny, ébéniste, mémoire de maîtrise, Paris IV-Sorbonne, tome II, 2000, pp.IV-XVIII). Or, Montigny était le cousin de Jacques Dubois et, de ce fait, parent du fils de ce dernier, René. La collaboration entre les deux ateliers est attestée par la présence parfois simultanée des estampilles "Dubois" et "Montigny" sur certains meubles et plusieurs actes juridiques prouvent les relations intimes entretenues par les deux familles. Il est d'ailleurs à peu près certain que Montigny, qui ne possédait pas de boutique, écoulait une partie de sa marchandise par le biais de celle de ses cousins. Revendeurs, les Dubois pouvaient alors apposer leur marque, comme les statuts corporatifs les y obligeaient.

Les bureaux de Montigny sont datables des années 1766 (accession à la maîtrise)-1775, les plus précoces étant identiques au nôtre, les derniers évoluant vers une forme plus légère, plus proche de Weisweiler, notamment du fait de leurs pieds à section octogonale. On sait, en outre, que dans l'inventaire dressé en 1763, lors du décès de Jacques Dubois, figurent déjà un bureau, une commode et une table "à la grecque". On aurait pu en conclure que ce sont les Dubois qui étaient à l'origine de cette forme de meuble puisque Montigny à cette date n'était pas maître, mais il est aujourd'hui établi (Quéré, 2000, tome I, p.20) que ce dernier travaillait dès 1761 en tant qu'ouvrier libre et donc sans possibilité d'estampiller, mais avec une capacité à produire des meubles nouveaux. Il possédait son propre atelier et n'appartenait pas directement de ce fait à l'équipe travaillant pour Dubois.

Différents éléments sont caractéristiques de l’œuvre des Dubois. On remarquera notamment, les angles évidés des pieds gaines à section carrée. Cette formule sera reprise par Montigny, tout comme la lingotière parfaitement rectiligne qui ceinture le plateau du meuble. Ces deux éléments se retrouvent clairement sur un petit bureau de Dubois (Eriksen, 1974, fig. 100) identifié comme étant celui livré à Croome Court dès janvier 1763 pour le Comte de Coventry par le marchand mercier Poirier. Ce modèle fut à l'origine de l'engouement pour le goût grec outre-manche comme le prouve un certain nombre de copies anglaises.


A late Louis XV gilt bronze
mounted "à la grecque"
marquetry Bureau Plat 
attributed to René Dubois.

The rectangular top 
with brass bound edge
and inset with the original leather 
above a Greek key frieze fitted
with three drawers
on square tapering legs.


René Dubois 
( 1739 - December 1799 )

Master received in June 1755  


Width (closed) 63 3/4 in.
Width (open) 106 2/3 in. 
Depth 31 3/4 in.
Height   29 3/4 in.

  
 

Note

This desk is characteristic of the style à la grecque, which was very popular in Paris in the early 1760's. Its strict structure is typical of the return to classical forms and the rejection of rocaille.
  
The return to classicism, as a reaction to the excesses of the rocaille movement, came to light in the 1750's. Some people, such as the architects Blondel and Contant d'Ivry advocated a measured modernism (Eriksen , Early Neoclassicism in France, 1974, p. 41), while others, such as the artist Louis-Joseph Le Lorrain, very influenced by Piranes, took pleasure in reinventing antiquity. Le Lorrain was the precursor of the first realisation of this movement in the decorative arts. The young collector Lalive de Jully, who was attached to the Embassies at Versailles, commissioned a suite of furniture in the new taste. It was completed as early as 1756. Some observers spoke of a creation à la grecque, an expression, which at that time, referred to anything to do with antiquity. Others, such as Mariett, alluded to the style of André-Charles Boulle establishing therefore a link with Louis XIV style. The name à la grecque was very popular and qualified the fashion, which swept through Paris for the next ten years. So much so, that Lalive complained in his Catalogue historique published in 1764, mentioning that even shop fronts were now built à la grecque.
  
This desk falls within the sphere of influence, made like the furniture of Lalive, for important collections, who were anxious to establish that they belonged to that narrow circle of modernes. The desk, designed by Le Lorrain, which is today at Château de Chantilly, was made by the cabinetmaker Joseph Baumhauer (Augarde, "Joseph Baumhauer", L'Estampille, n°204, June 1987, p. 14) and influenced others, such as Philippe Claude Montigny. Nine large desks, similar in design to the desk of Lalive, are known (Quéré, Montigny, ébéniste, Mémoire de Maîtrise Paris IV-Sorbonne, Tome II, 2000, pp.IV-XVIII). Montigny was Jacques Dubois's cousin and godfather of his son René. The collaboration between the two workshops is evident from several pieces of furniture, which are stamped both "Dubois" and "Montigny" and from certain official documents, proving the intimate relationship between the families. As Montigny himself did not have a shop, he most certainly sold some of his stock with the help of his cousin. As retailers, the Dubois family had a legal obligation to stamp the pieces they were selling.
  
Desks by Montigny can be dated from 1766, the year when he was made maître, up to 1775, the earlier examples being similar to this desk, but latter ones taking on a lighter identity, closer to Weisweiler, with for example, octagonal legs. When Jacques Dubois died in 1763 an inventory lists a desk, a commode and a table à la grecque. Although we may have concluded that Dubois was the innovator of this type of furniture, since Montigny was not made maître until 1763, we now know (Quéré, 2000, Volume 1, p.20) that Montigny worked independently and although he could not have stamped his pieces, he had the ability to create new designs. He had his own workshop and did not mix with the team working for Dubois.
  
Different facets are characteristic of Dubois' work. Among others, the grooved edges of the square tapering legs. That formula will be reused by Montigny, as will the gilt band around the top of the stable. These two features reappear on a small desk by Dubois (Eriksen, 1974, fig.100), which was identified as the one commissioned for Croome Court by the Earl of Coventry as early as 1763 through the marchand mercier Poirier. That desk was the beginning of the passion for the taste à la grecque in England, being confirmed by the existence of a certain number of English copies.

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